Abstract  1

 

Cette dŽmarche se propose d'utiliser le mouvement comme un outil didactique, technique et musical dans l'apprentissage de l'instrument.

Il s'agit d'effectuer des pas de danse simples tout en jouant du violon*, d'apprŽhender l'espace environnant et de structurer la musique dans celui-ci.

Ce travail qui prend en compte la globalitŽ de lÕenfant est un outil pŽdagogique efficace et performant tant pour lÕapprentissage rythmique, neurologique et artistique que pour la technique instrumentale proprement dite.

 

*Tout au long du texte, le terme Ē violon Č se reporte aussi ˆ Ē alto Č.

 

 

 

Introduction

 

La pŽdagogie du violon a longtemps ŽtŽ rŽgie par des Žcoles et des traditions quÕon pensait immuables. Depuis quelques dŽcennies les recherches dans ce domaine se multiplient suivant parfois des chemins peu conventionnels, preuve en est cette Ždition du Quaderni della SIEM qui est consacrŽe aux mŽthodologies alternatives de lÕenseignement.

Je suis trs heureuse dÕavoir lÕopportunitŽ dÕy prŽsenter quelques-unes des rŽflexions pŽdagogiques dÕapprentissage du violon que jÕai dŽveloppŽ.

En effet, jÕai eu le bonheur, dans ma vie dÕenseignante, de dŽcouvrir et de dŽvelopper notamment un outil inŽdit qui a eu un immense impact sur mon travail.

Pour moi, cet outil est passŽ du statut dÕ Ē approche alternative Č ˆ celui de Ē procŽdŽ incontournable Č.

AujourdÕhui, avec 15 annŽes de recul, je sais que les magnifiques rŽsultats quÕobtiennent mes Žlves sont intimement liŽs ˆ cette dŽmarche.

JÕai appelŽ ce procŽdŽ les Ē Violons Dansants Č. Et cÕest cette approche que je dŽvelopperai dans cet article.

Il est difficile dÕexprimer le mouvement par Žcrit. JÕai donc dŽcidŽ de ne pas charger le texte par des descriptions de chorŽgraphies, vous pouvez les voir sur les nombreuses vidŽos du site internet des Violons dansants.

Mon texte porte surtout sur les raisons et les rŽsultats de ma dŽmarche. En effet, les techniques ˆ proprement parler sont trs simples et elles sont surtout ˆ dŽcouvrir par la pratique. De plus, elles nÕont rien dÕimmuable, chacun les transformera ˆ sa guise.

 

Il y a plus de trente ans, jÕai dŽbutŽ comme jeune enseignante au Conservatoire de Lausanne avec Žnergie et enthousiasme.

Pourtant, au bout dÕune dizaine dÕannŽes, jÕai commencŽ ˆ perdre mon Žlan.

Les rŽsultats Žtaient finalement assez peu convaincants, les enfants jouaient de manire ardue, cela sonnait faux et les dŽfauts Žtait toujours les mmes. Les Žlves ne semblaient pas prendre plaisir ˆ cet apprentissage et jՎtais moi-mme de moins en moins motivante.

JÕai donc dŽcidŽ de faire une pause pour prendre de la distance et chercher un nouvel essor. Et, ˆ vrai dire, en demandant un congŽ dÕune annŽe au Conservatoire, je nՎtais pas sžre de recommencer lÕenseignement.

Cette dŽcision a ŽtŽ lÕune des meilleures que jÕai prises dans ma vie.

En revenant, car je suis bel et bien revenue, je mՎtais donnŽ comme dŽfi de changer les choses ˆ tout prix. Il fallait impŽrativement que mon travail mne ˆ de vrais rŽsultats et quÕil devienne stimulant tant pour moi que pour mes Žlves.

Pour mettre en place une rŽelle dynamique, jÕai cherchŽ ˆ ce que chaque proposition faite ˆ lÕenfant ait un rŽsultat tangible dans le court ou moyen terme. Je voulais trouver des solutions pour que lՎlve puisse sÕapproprier son travail. Intuitivement, je sentais quÕil devait devenir acteur de son propre apprentissage.

CÕest cet Žtat dÕesprit qui mÕa stimulŽ ˆ tester des choses qui auraient pu sembler peu crŽdibles ˆ cette Žpoque et qui aujourdÕhui sont attendues de chacun de nous.

 

 

 

 

Durant cette pŽriode jÕai commencŽ une formation continue ˆ lÕInstitut de rythmique Jaques-Dalcroze ˆ Genve.

CÕest cette formation qui mÕa permis de dŽvelopper les ĒViolons Dansants Č et les rŽsultats enthousiasmants qui en ont dŽcoulŽs.

 

 

Les violons dansants

 

 

 

GŽnŽralitŽs

 

LÕidŽe de base est dÕoffrir ˆ l'enfant un apprentissage qui intgre sa globalitŽ et qui lui permette de se dŽvelopper tant musicalement que personnellement.

 

C'est l'une des raisons qui m'a poussŽ ˆ suivre la formation continue de l'Institut de rythmique Jaques-Dalcroze ˆ Genve de 1998 ˆ 1999.

Le fondement de la recherche ŽlaborŽe par Jaques-Dalcroze porte sur la globalitŽ de l'tre et vise au dŽveloppement de la personnalitŽ de l'enfant par le biais de la musique, du mouvement et de l'expression.

 

En suivant cette formation, j'ai immŽdiatement ŽtŽ tentŽe de tester les exercices rŽalisŽs aux cours de rythmique en jouant simultanŽment avec mon alto.

Avec mon instrument mobile, je pouvais ainsi, seule, gŽnŽrer la musique et les mouvements.

J'ai vite constatŽ qu'une "simple" valse interfŽrait dramatiquement sur le jeu instrumental: l'archet ne rŽpondait plus ˆ mes ordres et doigts et pieds sÕencoublaient.

Il est vrai que, si garder une pulsation de base avec les pieds est dŽjˆ un ŽlŽment ajoutŽ au jeu complexe du violoniste, le dŽplacement du poids du corps, l'asymŽtrie entre les pieds ainsi que les ordres cŽrŽbraux requis par les mouvements des exercices de rythmique deviennent un ŽvŽnement perturbateur.

J'ai donc construit l'hypothse que si l'on pouvait rŽsoudre cette situation conflictuelle, le jeu violonistique devait en bŽnŽficier, car comme le souligne Jaques-Dalcroze :

"Un des meilleurs moyens d'assurer l'indŽpendance de chaque mouvement isolŽ nous para”t tre d'en provoquer la conscience en l'exerant simultanŽment avec d'autres membres et avec d'autres mouvements contrastants dont il ne doit pas subir l'influence rŽflexe." Emile Jaques-Dalcroze "La musique et nous", p.112

 

Le jeu instrumental rŽside essentiellement sur des mouvements isolŽs qui doivent rester indŽpendants les uns des autres, donc ne pas subir l'influence rŽflexe les uns des autres.

En jouant, nous provoquons de ce fait la conscience de chacune de nos actions les unes par rapport aux autres et nous apprenons ˆ ne pas les laisser s'influencer mutuellement.

 

LÕinstrumentiste ˆ archet est particulirement soumis ˆ ces mouvements contrastants.

En effet, pour un seul rŽsultat sonore, chacun des deux c™tŽs de son corps a son propre r™le et surtout sÕutilise trs diffŽremment : le gauche crŽe la mŽlodie et joue sur la dextŽritŽ des doigts et le droit soutient le son par le poids, la vitesse et lÕespace des mouvements du bras entier. Chacun doit tre indŽpendant de lÕautre tout en y Žtant intimement liŽ. Les ordres neurologiques en sont donc complexifiŽs et lÕinflux musculaire doit tre extrmement prŽcis et simultanŽ pour crŽer la nettetŽ du son.

Il nÕy a pas de symŽtrie spatiale entre les mouvements du bras gauche et ceux du bras droit : la partie gauche de notre corps est peu mobile et travaille verticalement pour la pose des doigts alors que la partie droite exŽcute un mouvement latŽral.

De plus, tout ceci se passe dans le haut du corps de manire Ē horizontale Č et le jeu repose sur un espace Ē vide Č devant soi. LÕassise verticale (rŽelle) est quasiment inexistante dans le jeu du violoniste. Il sÕagit dÕapprendre ˆ dŽplacer mentalement ce jeu sur notre verticalitŽ, de sentir, par exemple, ce fameux

Ē poids du bras Č qui, dans les faits, repose sur lÕairÉ

 

Sans conteste le jeu du violoniste est focalisŽ sur le haut du corps.

Les difficultŽs inhŽrentes ˆ cet instrument auront tendance ˆ bloquer l'esprit sur des actions trs prŽcises, crŽant souvent des crispations et des Žmotions nŽgatives.

 

Au vu de ce qui prŽcde, j'ai fait le pari que si l'on ajoutait les membres infŽrieurs comme mouvements contrastants ˆ ces complexitŽs, l'apprentissage devrait tre facilitŽ et les mouvements devenir plus naturels et fluides et quÕen focalisant l'esprit sur d'autres rŽsistances, les tensions relatives aux difficultŽs de l'instrument tendraient ˆ dispara”tre.

En bref, si on pouvait danser en jouant, la technique serait gagnante et le jeu deviendrait plus libre et dŽtendu.

 

Aprs plusieurs gŽnŽrations dՎlves dŽbutants, je peux maintenant assurer que ce pari sÕest avŽrŽ juste.

 

On remarque chez ces enfants :

 

          Un apprentissage gŽnŽral de lÕinstrument accŽlŽrŽ.

          Une aisance particulire dans le jeu de l'archet ; les mouvements sont amples et ne sont pas limitŽs par la seule dimension de l'archet ; l'espace environnant est Žgalement investi.

          Une attitude et une gestuelle du corps adaptŽe au jeu et ˆ l'expression.

          Un accs au vibrato trs t™t dans l'apprentissage ; le vibrato requiert une grande facultŽ de dissociation car cÕest une action continue qui ne doit subir aucune influence des autres impulsions et, dans lÕautre sens, ne pas perturber le jeu de lÕarchet.

          Peu de problmes rythmiques et le sens de la pulsation.

          Et surtout, beaucoup de plaisir ˆ jouer et ˆ transmettre leur enthousiasme.

 



En basant les mouvements de ces deux parties hautes du corps sur une pulsation et un mouvement plus fondamental du bas du corps, on constate que les impulsions neurologiques deviennent simultanŽes.

De plus, par l'ajout de l'exercice complexe des pas et du dŽplacement du corps dans lÕespace, le jeu de lÕarchet devient plus aisŽ et naturel, il gagne Žgalement en sonoritŽ.

Le fait de provoquer la conscience de lÕindŽpendance de chaque mouvement isolŽ en lÕexerant simultanŽment avec le mouvement des pas allge et rend lÕapprentissage notablement plus rapide.

CÕest un travail ˆ la fois ludique et trs sŽrieux pour les enfants qui montrent un Žvident plaisir ˆ dŽpasser ces conflits neurologiques.

Comme le dit Jaques-Dalcroze :

"La joie na”t le jour mme o nous avons constatŽ un progrs en nousÉ

Le fait seul d'amŽliorer, gr‰ce ˆ un effort de volontŽ, une sŽrie d'actes mme sans importance, suffit ˆ nous donner la confiance en nousÉ"

Emile Jaques-Dalcroze "Le rythme, la musique et l'Žducation", p.93

 

 

 

 

La Ē technique Č des violons Dansants est basique et comporte quelques pas de danse simples :

 

La valse

 

La valse sÕutilise pour les musiques ternaires.

Un grand pas et deux sur place.

 

La dŽcouverte de la valse et de son impact sur le jeu de mes Žlves a ŽtŽ le dŽclencheur de toute ma recherche.

En suivant une intuition jÕavais demandŽ ˆ mon Žlve de jouer quelques mesures de son morceau avec un grand pas de c™tŽ et deux sur place. Il a fallu quelques essais pour installer la coordination, puis, le rŽsultat a ŽtŽ fulgurant !

Ce morceau ˆ trois temps qui Žtait jouŽ de manire un peu raide et statique est devenu, comme pas magie, musical. Un appui naturel sur le premier temps, le deuxime et troisime temps plus lŽgers tout en menant au prochain premier temps de manire fluideÉ

 

Les pas de la valse sont Žgaux en temps mais de "grandeur" diffŽrente. Pour changer la "grandeur" d'un mouvement dans un temps donnŽ, il faut adapter son Žnergie.
Il sÕagit lˆ de lÕalchimie entre le temps, lÕespace et lՎnergie, lÕun des concepts de base de Jaques-Dalcroze :

Ē LÕintervention subjectiveÉdont dŽpend la signification expressive ou esthŽtique du gesteÉimprime au mouvement (musical ou corporel) sa qualitŽ ŽnergŽtiqueÉelle donne au geste sa force, son poids, ses nuances et sa valeur plastique, en modifiant les rapports rŽciproques de lÕespace et du temps dans lesquels il sÕinscrit. Č M.-L. Bachmann "La rythmique Jaques-Dalcroze", page 47

Ē Si l'on fixe d'avance les rapports de la portion d'espace et de la fraction de temps, il est indispensable, pour y introduire des mouvements proportionnŽs, que nous soyons ma”tres de notre mŽcanisme corporel, car le manque de force pourrait faire dŽpasser la mesure d'espace ou abrŽger la durŽe, et d'autre part la raideur ou une trop grande retenue laisseraient incomplte la fraction d'espace ou feraient dŽpasser la durŽe. Č Emile Jaques-Dalcroze, "Le rythme, la musique et l'Žducation", pages 39-40

Ce concept de Ē temps, espace et Žnergie Č est trs Žloquent pour illustrer lÕutilisation de la partie droite de notre corps. Pour servir le rythme et lÕexpression, nous apprŽhendons chaque coup dÕarchet avec des facteurs de vitesse, de longueur et de poids et surtout, avec un savant mŽlange de ces trois ŽlŽments.

 

 

En dansant la valse, on trouve donc naturellement une autre Žnergie sur le premier temps par rapport aux deux autres et cÕest cette mme diffŽrence qui crŽe le sentiment ternaire en musique. La danse a une ascendance sur la musique et agit sur le jeu de l'archet.

 

Comme exemple, prenons une sŽrie de noires dŽtachŽes. Pour crŽer un phrasŽ ternaire lÕarchet doit donner une Žnergie particulire sur les premiers temps alternativement en tirant et en poussant, dans la danse chaque mesure se pose tour ˆ tour ˆ droite et ˆ gauche. Danser le premier temps ˆ droite en tirant, et ˆ gauche en poussant, facilite dÕautant la comprŽhension de ces appuis qui permettent dՎviter la sensation binaire dŽcoulant de notre tendance naturelle ˆ accentuer les coups dÕarchet tirŽs.

 

La valse est Žgalement un apport efficace dans l'apprentissage correct des liaisons par trois. En rgle gŽnŽrale, une sŽrie de Ē trois noires Č liŽes  devient une sŽrie de Ē deux noires et une blanche Č liŽes.

Certains enfants ont beaucoup de peine ˆ ne pas sÕarrter aprs le troisime temps, dÕautres rŽussissent facilement en procŽdant par imitation ; mais en tous les cas, il y a de fortes prŽsomptions pour que lՎlve, seul ˆ la maison, exerce cette liaison de manire incorrecte.

Avec les pas de la valse, cette erreur est pratiquement impossible ˆ effectuer, car le troisime pas est Ē petit Č. En commenant par quelques mesures dansŽes avant de jouer, cet apprentissage est souvent rapidement assimilŽ et correctement effectuŽ mme en lÕabsence du professeur.

 

 

Il me semble que la difficultŽ du phrasŽ ternaire consiste ˆ ressentir chaque mesure comme la "levŽe" de la suivante sur laquelle on prend appui, elle-mme menant vers la suite, etc.

Si cette hypothse se justifie, le mouvement "circulaire" engendrŽ nŽcessiterait une Žnergie constamment renouvelŽe qui prendrait sa source en elle-mme.

"L'arrt" sur la fin de la mesure (et qui lui ajoute un temps) peut provenir d'un besoin de repos et de respiration, avant d'enclencher le mouvement suivant.

Dans le mme ordre dÕidŽe, mais pour une action un peu diffŽrente, Marie-Laure Bachmann fait remarquer que : "le mouvement continu volontaire est encore Žtranger aux tout-petits, ceci en raison du dosage et de la rŽpartition de l'Žnergie qu'il suppose." M.-L. Bachmann "La rythmique Jaques-Dalcroze", page 208

 

Il para”t clair que la perception ternaire soit moins naturelle que la perception binaire pour lÕenfant. Je pense donc quÕil faut l'intŽgrer au plus t™t afin de profiter de lÕapport neurologique et musical que ce travail et cet apprentissage offrent.

 

 

Le pas-pique

 

Le pas-pique sÕutilise pour les musiques binaires.

Un pas de c™tŽ avec le pied droit (pas), ramener le gauche prs du droit sans mettre le poids du corps (pique), puis un pas ˆ gauche, ramener le droit etc.

 

JÕutilise ce pas dans dÕinnombrables situations.

 

Dans les toutes premires leons, mes Žlves dansent le pas-pique comme pulsation de base pour initier les double-vitesses ou les double-lenteurs. Danser des noires aux pieds et jouer des croches ou des blanches. DÕabord en frappant dans les mains puis en pizzicato (main gauche ou main droite), avec lÕarchet, en mŽlangeant archet et pizzicato etc.

Le terrain de jeu dans ce domaine est infini et apporte de multiples occasions dÕexercer la flexibilitŽ musculaire et neurologique de lÕenfant.

 

On peut aussi clarifier certaines mesures rythmiquement compliquŽes par la position des pieds ˆ lÕintŽrieur de celles-ci ; comme on lÕillustre dÕhabitude par des barres verticales sur les temps forts, chaque pas a sa place dans la mesure.

Dans une mesure ˆ quatre temps, en dansant le pas-pique, on sait aussi que chaque fois quÕon pose le pieds droit (par exemple) on est sžr dՐtre au dŽbut dÕune mesure. CÕest un excellent moyen pour assurer le nombre de temps qui sont passŽs.

 

Tous les exercices de tenue ou de musculation peuvent tre accompagnŽs par des pas pour les mettre dans une dynamique rythmique. Ils nÕen deviennent que plus ludiques.

Je prŽconise quÕil faut profiter de toutes les situations pour donner ˆ lÕenfant un vŽcu maximum de la pulsation. Plus ses sensations seront incorporŽes avec un vŽcu rythmique, plus ses mouvements seront harmonieux.

 

 

Avec mes Žlves, et surtout avec les plus jeunes, je prŽfre remplacer le mŽtronome par les pas. En effet, le travail de comprŽhension et dÕapplication du rythme sur une pulsation physique, mme un peu hŽsitante ou fluctuante dans le tempo, me semble amplement satisfaisant car le but est moins la rŽgularitŽ que lÕappui du rythme sur une pulsation. Si celle-ci est vŽcue corporellement, lÕapprentissage sera dÕautant plus intŽgrŽ. Le mŽtronome viendra ensuite comme un outil ludique pour lancer des dŽfis de tempo et pour contr™ler la rŽgularitŽ de celui-ci.

Les Žlves qui ont jouŽ "avec leurs pieds" Žprouvent peu de difficultŽ ˆ sÕadapter au mŽtronome ou sourient en dŽcouvrant que le mŽtronome ne les suit pasÉ Pour ceux qui ne connaissent pas ce travail, il est plus difficile de faire le lien entre le son (ou le visuel) et la perception corporelle. LÕappareil reste un objet extŽrieur et le discernement de la pulsation demeure virtuel.

Apprendre le rythme sur sa propre pulsation permet aussi, outre lÕintŽgration holistique de la musique, une approche organique des expressions musicales tels que le rubato, les ralentis ou les accelerando.

 

Donner un dŽpart peut tre facilitŽ par la comparaison avec les mouvements des pieds. En effet, poser un pied ne va pas sans le lever prŽalablement.

Quand on lve le pied comme pour commencer ˆ marcher, le mouvement du corps est en gŽnŽral naturel.

On peut y ajouter la respiration (inspirer quand on lve et expirer quand on pose le pied) puis amplifier ce geste avec le haut du corps pour trouver une attitude corporelle en cohŽrence avec le tempo de la phrase musicale.

 

 

 

 

Le canard boiteux

 

Le canard boiteux sÕobtient en mŽlangeant la valse et le pas pique. 

On lÕutilise pour les musiques ˆ temps inŽgaux : 7/8 ou 5/8 par exemple.

Valse pour le temps long (ternaire) et pas pique pour les temps court (binaire).

 

En Europe de lÕouest, ces pulsations ne sont pas habituelles bien quÕelles deviennent de plus en plus prŽsentes depuis lՎmergence des musiques traditionnelles du monde dans nos cultures et le mŽlange des populations.

 

Pour les enfants, ces rythmiques ne sont pas un problme si on les utilise t™t. 

Mais pour installer une pulsation correcte il est plus efficace de commencer par subdivision et danser toutes les croches de chaque temps.

Par les grands pas (premiers temps de la valse et premier temps du pas-pique), la pulsation est dŽjˆ prŽsente.

On peut ensuite enlever les pas plus lŽgers, le mouvement gŽnŽral reste le mme. Une mesure ˆ 7/8 deviendra donc une valse avec un grand pas un peu plus long, mais ne sera pas forcŽment le premier temps, ceci en fonction dÕo on le trouve dans la mesure (par ex. 2, 2, 3).

Ds que le fait de danser tous les pas est bien installŽ, je propose aux Žlves de faire les petits pas en "collant" les pieds au sol de manire ˆ ce qu'ils ne bougent plus rŽellement. S'ils imaginent le mouvement en gardant lÕinflux musculaire, la dŽcomposition des temps s'installe intŽrieurement.

 

" La pratique des mouvements corporels Žveille dans le cerveau des images. Plus les sensations musculaires sont fortes, plus les images deviennent claires et prŽcises et plus, par consŽquent, le sentiment mŽtrique et rythmique se dŽveloppe normalement, car le sentiment na”t de la sensation. L'Žlve qui sait marcher en mesure et selon certains rythmes n'a qu'ˆ fermer les yeux pour se figurer qu'il continue ˆ marcher mŽtriquement et rythmiquement. Il continue ˆ effectuer les mouvements en pensŽe. La prŽcision et le dynamisme bien rŽglŽ des automatismes musculaires sont la garantie de la prŽcision des automatismes de la pensŽe et du dŽveloppement des facultŽs imaginatives. "

Emile Jaques-Dalcroze "Le rythme, la musique et l'Žducation", p. 63

 

 

 

Le crabe

 

Le pas de crabe sÕutilise Žgalement pour les musiques binaires.

Avec ce pas, lՎlve est amenŽ ˆ se dŽplacer de la manire suivante :

un pas de c™tŽ avec le pied droit (pas), poser le pied gauche prs du droit, puis repartir ˆ droite etc.

Le crabe peut se faire en ligne droite de c™tŽ, en avant ou en arrire. On peut lÕutiliser pour tourner, en cercle intŽrieur (le centre du cercle face ˆ soi) ou extŽrieur (le centre derrire soi).

Pour changer de sens, on utilise un Ē pique Č sur le dernier temps.

 

 

 

Vous disposez donc maintenant de plusieurs solutions pour Ē chorŽgraphier Č la musique.

Il va sans dire que tous ces pas sont modulables en fonction des besoins.

Pour se dŽplacer, une valse pourrait devenir par exemple :

(grand) pas - pas - pique

 

 

 

 

Mettre la musique dans lÕespace

 

Par Ē chorŽgraphier Č la musique, jÕentends le fait de jouer un morceau en se dŽplaant dans la salle ˆ lÕaide de divers pas de danse. En gŽnŽral, il sÕagit de donner une direction diffŽrente pour chaque phrase et de chercher des symŽtries afin de construire une Ē image Č cohŽrente de la pice musicale.

La chorŽgraphie peut Žgalement comporter des moments immobiles (sans danser), elle peut aussi tre improvisŽe.

 

Mettre la musique dans lÕespace a de multiples vertus.

Tout dÕabord cÕest un outil trs puissant pour dŽvelopper le sens de la carrure musicale.

Trs vite, lÕenfant saisit et intgre lՎquilibre des deux, quatre ou huit mesures.

 

Pour commencer ce travail sur la carrure, et avant dÕapprŽhender la chorŽgraphie proprement dite, prenons un exemple de valse. Pour sentir que 4 mesures sont passŽes, sans mme avoir besoin de les compter, voici une solution:

1er grand pas ˆ droite avec le pied droit, 2me grand pas en avant avec le pied gauche, 3me en arrire avec le pied droit, 4me ˆ gauche avec le pied gauche.

On est ainsi de retour au point de dŽpart pour entamer les 4 mesures suivantes.

 

Les chorŽgraphies permettent aussi de comprendre la structure de la pice musicale, ce qui enrichit Žvidemment la qualitŽ de lÕinterprŽtation. LÕassimilation du morceau est donc beaucoup plus rapide et facilement mŽmorisŽe.

 

Avec la danse, jouer sans partition devient vite une rŽalitŽ, sans avoir besoin dÕy penser ni dÕy associer des sensations de peur.

En premier lieu parce quÕon doit, par la force des choses, se dŽtacher du lutrin dans ce travail et en deuxime lieu, parce que lÕancrage de la musique sur des mouvements et des directions est un fort atout dÕintŽgration comme je lÕexplicite un peu plus loin.

De plus, la chorŽgraphie reste garante de la structure et le morceau continue quoi quÕil en soit. Si on se perd dans la mŽlodie on peut se raccrocher facilement sur des points clŽs comme le dŽbut dÕune mesure ou dÕune phrase ; si on se perd avec les pieds, ce nÕest pas dramatique et cÕest souvent vite rŽcupŽrŽ gr‰ce aux temps forts.

Je nÕai personnellement jamais remarquŽ de trou de mŽmoire chez mes Žlves dans une prŽsentation chorŽgraphiŽe.

 

Ce mode de travail requiert de rŽpŽter une phrase sur des pas prŽcis et dans des positions spatiales distinctes. Tous les sens sont mis en Žveil. Observez ce qui se passe : quand je pose le 2me doigt sur le pied gauche, lÕarchet pousse, je vois le toit du voisin par la fentre, jÕentends un do etc.É Que ces donnŽes soient conscientisŽes ou non, lÕassimilation musicale, neurologique et musculaire se fait de manire holistique.

 

Lorsque lÕon finalise des chorŽgraphies, on nÕa pas toujours l'occasion de travailler dans la salle de concert prŽvue. Il faut parfois se contenter dÕune petite pice. Cela nŽcessite alors dÕimaginer la scne ; la distance au bord de celle-ci ; celle ˆ l'autre personne ou aux autres quand ils sont plusieurs ; la grandeur de pas que l'on peut effectuer ; apprendre ˆ tre indŽpendant des points visuels prŽcis (qui n'existeront plus ailleurs) en se rŽfŽrant plut™t ˆ soi et/ou ˆ l'autre dans l'espace.

Il peut tre utile et amusant de dŽplacer ˆ plusieurs reprises le bord de la scne ou le public fictif.

 

Un autre travail ludique qui permet dÕapprendre ˆ doser son Žnergie en fonction de l'espace est de dŽfinir des points de dŽpart et dÕarrivŽe des diffŽrentes phrases sur le sol. Pour cela, on peut utiliser des objets tels que des cerceaux, des feuilles de papier ou autre, Žventuellement avec le nom des notes. Ou mme des repres uniquement virtuels.

En jouant son morceau, lՎlve passe par ces repres et change de direction pour chaque phrase.

On peut dŽfinir la distance entre ces points en fonction de la longueur de la phrase mais on peut aussi dŽcider que deux phrases dÕidentique longueur nÕauront pas la mme distance ˆ parcourir en fonction des dynamiques quÕon voudra lui donner. Ce qui Žquivaut ˆ faire des plus petits pas sur une distance plus courte ou alors, selon la crŽativitŽ et lÕenvie de lÕenfant, ˆ choisir un dŽtour pour y arriver.

Le plus intŽressant pour le professeur Žtant de laisser lÕenfant chercher des solutions.

On peut aussi jouer sur les nuances ; forte, piano, crescendo etc.

 

 

La danse Ē muette Č, cÕest-ˆ-dire danser la chorŽgraphie dÕun morceau sans jouer, est Žgalement une belle expŽrience.

L'Žcoute intŽrieure est en effet incontournable dans cette prestation, la danse Žtant intimement liŽe ˆ la musique. Il est plus simple et naturel de chanter la musique intŽrieurement que de compter chaque pas.

Le rŽsultat peut en faire un moment artistique fort; il se dŽgager parfois une grande prŽsence de la concentration et de l'Žcoute intŽrieure dans cet exercice.

CÕest lÕoccasion de prendre conscience de la notion du silence en musique. Que ce silence soit sonore ou gestuel (ne plus bouger par exemple), lÕenfant peut saisir lÕimportance de la pulsation ˆ lÕintŽrieur de ce Ē vide Č et le rendre vivant. Comprendre que lÕexpression continue Žgalement pendant les pauses.

 

 

Les enfants aiment crŽer leurs propres chorŽgraphies et sont souvent trs inventifs. Ils ont aussi beaucoup de plaisir ˆ montrer leur prestation sur scne.

Il y a bien entendu un ‰ge pour tout. Ce type dÕexpression est un jeu trs sŽrieux pour les enfants jusqu'ˆ l'‰ge de dix ou onze ans. Plus grands, ils sont souvent plus timides et ont lÕimpression que cÕest un peu puŽril, sauf quand il sÕagit dÕun travail de groupe (voir les Ministrings).

Les filles manifestent en gŽnŽral plus dÕaisance que les garons.

 

Le travail de gestion de l'espace avec les Žlves est passionnant.

DŽcouvrir comment l'enfant investit l'univers qui l'entoure est reprŽsentatif de sa personnalitŽ et permet ˆ l'enseignant dÕaider l'Žlve ˆ prendre sa place. Avec ce travail chorŽgraphique, on soutient l'enfant dans son dŽveloppement en renforant sa prŽsence scŽnique et musicale et donc aussi sa personnalitŽ.

 

Quelques idŽes de dŽpart pour ce travail de chorŽgraphie :

 

į      l'Žlve chante ou joue le morceau en se dŽplaant librement dans la salle,  il cherche une marche qui convient ˆ la musique.

į      l'Žlve et le professeur font le point :

- quelle est la mesure?

- combien de phrases y a-t-il?

- les phrases comportent-elles plusieurs parties?

- y a-t-il des similitudes, une carrure, un rappelÉ?

- faut-il marcher tous les temps ou seulement les temps forts?

- y a-t-il des levŽes, les arrivŽes sont-elles des fins ou des suspensions?

- fort, doucement, crescendo ou decrescendo? etc.

į      en fonction de la place disponible, on imagine les diffŽrentes phrases dans l'espace, on choisit un lieu de dŽpart et un lieu de fin de chaque phrase (des cerceaux peuvent tre placŽs ˆ ces endroits ou le nom de la note visŽe Žcrite sur une feuille posŽe sur le sol).

į      affiner la chorŽgraphie, choisir des pas, en inventer dÕautres.

į      chaque phrase est ensuite travaillŽe sŽparŽment, dansŽe en chantant, puis en pizzicato, en mimant lÕarchet, en jouant, en silence etc.

į      et pour finir, prŽsenter ce menu au public !

 

"Localisation et orientation dans l'espace, organisation et structuration de cet espace, Žvaluation des distances et parcours mesurŽs, font partie intŽgrante de la rythmique. L'un de ses r™les n'est-il pas de rendre visibles, en les transposant au plan de l'espace environnant, les manifestations temporelles et ŽnergŽtiques de la musique ainsi que les diverses modalitŽs de l'espace sonore ? En retour, elle favorise, ˆ l'Žchelle du corps en mouvement et en dŽplacement, la mise en relation des diverses composantes d'espace, de temps et d'Žnergie que l'on trouve ˆ la base de toutes activitŽs enfantines." Marie-Laure Bachmann "La rythmique Jaques-Dalcroze", p.318

 

 

Les Ministrings

Je ne peux pas parler des Violons Dansants sans faire rŽfŽrence aux Ministrings. En effet, outre mes Žlves individuels, ce groupe dÕenfants a ŽtŽ un terreau extraordinaire pour le dŽveloppement de ma recherche, comme la danse a certainement ŽtŽ une composante incontestable de leur prŽsence scŽnique et de leur Žnergie enthousiasmante.

Les Ministrings, cÕest un ensemble de cordes que jÕai crŽŽ au Conservatoire de Lausanne il y a tout juste 10 ans. Depuis, les Ministrings nÕont eu pas moins dÕune centaine de concerts dont de belles aventures comme par exemple une tournŽe ˆ Istanbul ou 2 concerts avec lÕOrchestre de chambre de Lausanne. Ils ont aussi obtenu ˆ 3 reprises un 1er prix avec mention ˆ la finale nationale du Concours Suisse de Musique pour la Jeunesse. En 2014, une tournŽe en Slovaquie puis en France sont prŽvues.

Ce groupe est composŽ de 20 ˆ 30 enfants. Les plus petits commencent aprs une annŽe dÕinstrument et y restent en gŽnŽral 4 ˆ 5 ans. Les plus grands  reviennent souvent soutenir le groupe lors des concerts. Il y a ainsi une belle synergie pŽdagogique et un fort sentiment dÕappartenance.

Cet ensemble joue en particulier des musiques traditionnelles, dites du "voyage".  Beaucoup de leurs morceaux sont prŽsentŽs avec des chorŽgraphies de groupe.

Tout se joue sans partitions et surtout, les musiciens sont seuls ma”tres ˆ bord, personne ne dirige lÕensemble. En effet, donner aux enfants la totale responsabilitŽ de leur prestation a comme rŽsultat de les rendre foncirement

prŽsents et participatifs. De plus, il sÕinstalle une loyautŽ entre eux qui les pousse tous ˆ donner le meilleur dÕeux-mmes.

 

LÕimage Žtant plus Žloquente que le verbe, je vous propose de les dŽcouvrir en regardant les vidŽos du site internet des Ministrings.

Vous y verrez des enfants pleins de vitalitŽ qui sont Ē portŽs Č les uns par les autres et qui, par une force et un Žlan commun, arrivent ˆ de magnifiques rŽsultats expressifs.

Aprs dix annŽes dÕexpŽrience, je peux dire avec assurance que le travail sur le mouvement a ŽtŽ un ŽlŽment essentiel dans ce groupe.

Les enfants ont un plaisir Žvident ˆ chercher, ˆ crŽer et ˆ danser ensemble.

Les plus grands sont Žgalement motivŽs, les effets scŽniques de cette mobilitŽ Žtant un indiscutable apport artistique ˆ la prestation.

 

Pour le groupe, le mouvement est un facteur de cohŽsion trs puissant.

 

 

 

 

Conclusion 

 

En conclusion ˆ cette prŽsentation des Violons Dansants, j'aimerais tenter de rŽpondre ˆ quelques questions qui mÕont souvent ŽtŽ posŽes.

 

Ce travail ne charge-il pas encore plus ce quÕon demande dŽjˆ ˆ lÕenfant pour son apprentissage technique ?

Au contraire, la conscientisation des mouvements et des sensations ainsi que les rŽpŽtitions que requiert ce travail neurologique sont un grand apport pour toutes procŽdures dՎtude instrumentale. LÕenfant intgre ces qualitŽs et les reporte dans sa manire de sÕexercer en gŽnŽral.

 

Alors que les leons sont souvent dŽjˆ trop courtes, faut-il prendre ce temps sur le travail de lÕinstrument ?

Sans conteste, je rŽponds oui, prenez ce temps !

Pour commencer, consacrez quelques minutes par leon ˆ ce travail et demandez ˆ vos Žlves de le rŽpŽter ˆ la maison. Vous constaterez que le rŽsultat technique est tout aussi rapide et, en bien des points, plus efficace. Vous dŽcouvrirez Žgalement dÕautres ressources et rŽsultats positifs.

Pour prŽparer des chorŽgraphies, vous pouvez Žgalement regrouper quelques Žlves.

 

Les Žlves (ou leurs parents) ne sont-ils pas dŽstabilisŽs par cette approche alors quÕils viennent apprendre le violon ?

Avec mes Žlves, je commence ˆ danser ds le dŽbut. Pour eux, le mouvement est donc implicitement liŽ ˆ lՎtude du violon.

Ces exercices deviennent un rŽel travail sur eux-mmes et il y a de nombreux moments magnifiques o on peut les voir travailler avec concentration et rŽpŽter sans cesse pour atteindre leur but. Quand cela demande plus dÕeffort, ils prennent les difficultŽs comme des ŽlŽments ˆ dŽpasser et sont trs fiers de rŽussirÉ

Je pense que ceci est dž au fait que cÕest un travail global sur eux-mmes et donc, un travail qui leur appartient (ce qui nÕest pas toujours le cas des exercices purement violonistiques). Par cette globalitŽ, lՎlve participe ˆ son apprentissage.

Dans ces moments, ils paraissent comprendre intuitivement l'objectif de leurs efforts : l'harmonisation de toutes les facultŽs de leur tre.

 

"En musique comme dans les autres domaines, une prise de conscience ne peut avoir lieu qu'ˆ partir du moment o certains impŽratifs extŽrieurs viennent opposer une rŽsistance aux tendances naturelles. Cherchant ˆ favoriser cette prise de conscience, la Rythmique, qui "a pour but l'harmonisation de toutes les facultŽs de l'tre", fait de l'introduction progressive de rŽsistances dans l'exercice des rythmes naturels – corporels et musicaux – l'un de ses principes Žducatifs les plus importants." Marie-Laure Bachmann "La rythmique Jaques-Dalcroze", p.236

 

Est-ce que tous les Žlves parviennent ˆ danser?

Oui, tous les Žlves peuvent danser bien sžr. Et pour rŽpondre ˆ la question sous-jacente ; non, la danse ne va pas transformer un enfant qui nÕa aucune aptitude innŽe pour le violon en un Žlve brillant.

Il est intŽressant de noter que les enfants dont les mouvements de danse sont statiques, manquent de fluiditŽ, sont souvent ceux qui jouent de manire moins expressive et semblent avoir moins de facilitŽ pour lÕinstrument.

Comme le relve Jaques-Dalcroze :

Ē Il n'existe pas un sujet musicien atteint d'un dŽfaut dans l'expression musicale rythmique qui ne possde pas corporellement ce dŽfaut. Č

Pour le professeur, la danse devient donc un nouvel angle dÕapproche pour dŽvelopper la musicalitŽ (et lÕattitude corporelle) de ce type dՎlves.

Ce qui est sžr est que tous les enfants, en fonction de leurs possibilitŽs, profiteront de lÕapport de la globalitŽ des violons dansants.

 

La tenue, l'Žcoute et le soin ˆ donner ˆ la crŽation du son constituent des ŽlŽments intransigeants dans lՎtude du violon ; comment garder ces qualitŽs en dansant ?

En effet, la danse est un ŽlŽment supplŽmentaire. Il ne faut pas le laisser influencer nŽgativement les qualitŽs violonistiques.

Dans aucun cas, je nÕai vu que la danse dŽgradait le jeu de manire durable, bien au contraire.

Ceci mÕamne, pour conclure, ˆ souligner deux des ŽlŽments positifs les plus importants de lÕapport des Violons Dansants :

į      En focalisant l'esprit sur d'autres rŽsistances, les tensions relatives aux difficultŽs de l'instrument tendent ˆ dispara”tre.

į      Par le travail sur sa globalitŽ, lՎlve participe comme rŽel acteur ˆ son apprentissage.

 

Le travail de lÕenseignant est donc considŽrablement allŽgŽ :

On ne se bat plus contre mais pour et avec.